Histoire du diocèse

Notice historique

Les limites du diocèse de Moulins coïncident avec celles du département de l’Allier, créé en janvier 1790. Au nombre des actuelles communes de ce département, 5 relevaient, sous l’Ancien Régime, du diocèse de Nevers, 33 du diocèse d’Autun, 135 de Clermont, 143, enfin, de Bourges. Le XIXe siècle vit la création de 4 nouvelles communes :
Bézenet, Lételon, La Guillermie et Lavoine, ce qui nous conduit aux 320 communes actuelles.

Au plan civil, un seul Duché (plus tard province) du Bourbonnais, une seule généralité, celle de Moulins, créée en 1587, regroupaient l’ensemble des paroisses et de leurs 71 annexes aujourd’hui supprimées.

Situation inconfortable, l’imbroglio de l’agglomération moulinoise est significatif. Moulins, Avermes et Yzeure appartenaient au diocèse d’Autun ; Toulon, Bressolles et Neuvy (comme aussi Souvigny) au diocèse de Clermont ; Coulandon, Marigny et Montilly au diocèse de Bourges, tandis que, tout proche, au nord, Villeneuve relevait de Nevers… !

Vers la création d’un siège épiscopal à Moulins

Très tôt, et à plusieurs reprises, furent engagées des démarches en vue de doter Moulins d’un siège épiscopal. Les ducs de Bourbon semblent s’en être eux-mêmes préoccupés. En 1621, l’assemblée communale de Moulins sollicita à son tour cette création, en vain.

De nouvelles démarches furent entreprises en 1788 : le 27 avril, Louis XVI adressait une supplique au Pape Pie VI. Le nouveau diocèse (plus restreint que l’actuel) aurait compris 210 paroisses : 52 prises à Autun, 67 à Bourges et 91 à Clermont. On avançait même le nom du futur évêque, Étienne-Louis des GALLOIS de la TOUR, doyen de l’église collégiale de Moulins. En fait, les convulsions révolutionnaires le contraignirent à l’exil ; il devait être nommé, en 1817, archevêque de Bourges, où il décéda en 1820. Cependant, dans le cadre de la Constitution Civile du Clergé, chaque département fut pourvu d’un évêque : ainsi fut créé le « diocèse de l’Allier ». Deux constitutionnels siégèrent à Moulins : François-Xavier LAURENT, élu le 13 février 1791, démissionnaire en novembre 1793, puis abdicataire sous la pression de FOUCHÉ ; ensuite, après une longue vacance, Antoine BUTAUX-DUPOUX, élu le 15 novembre 1797, démissionnaire à son tour en 1801, alors qu’était signé le Concordat conclu entre Pie VII et la République Française, à l’instigation du premier consul Bonaparte.
Dans le cadre d’une nouvelle organisation territoriale de l’Église de France, furent créés 60 évêchés, certains embrassant deux ou même trois départements. Tel fut le cas de Clermont-Ferrand, siège d’un diocèse regroupant le Puy-de-Dôme et l’Allier, avec pour premier évêque concordataire, Antoine-Charles-Henri DUWALK de DAMPIERRE. Institué canoniquement le 14 avril 1802, installé le 20 juin suivant, il entreprit de structurer son vaste diocèse. Après «inventaire» des prêtres disponibles, 700 furent affectés au Puy-de-Dôme, 400 à l’Allier pour le service respectif de 350 et 210 paroisses ou succursales (chiffres portés à 401 et 236 en 1817).
Il s’avéra bien vite que Moulins fut quelque peu sacrifié au profit de Clermont. D’où récriminations incessantes des autorités civiles et du personnel ecclésiastique. En avril 1818, le ministre dut intervenir ; en février 1820, nouvelle instance préfectorale trahissant une certaine irritation des esprits. L’heure était venue d’une séparation à l’amiable.
En vérité, des pourparlers pour un nouveau Concordat s’étaient poursuivis durant les années 1817-1818. Le projet échoua devant l’opposition parlementaire en même temps qu’un projet portant à 92 le nombre des sièges épiscopaux en France. Moulins était du nombre, et déjà l’abbé Antoine de PONS avait été choisi comme premier évêque.
Malgré cet échec, des négociations furent reprises, visant à l’érection de quelques évêchés estimés absolument nécessaires. Enfin, le 6 octobre 1822, était signée la bulle pontificale portant création de quatorze nouveaux diocèses, dont Moulins, rattaché à la Province de Sens. L’ordonnance royale du 31 octobre suivant rendait exécutoires en France les décisions pontificales. Une nouvelle ordonnance, datée du 2 juillet 1823, prescrivit la publication des bulles d’institution de plusieurs évêques.

Les premiers évêques

Mgr Antoine de PONS de la GRANGE fut nommé évêque de Moulins.

Consacré à Paris, le 13 juillet 1823, intronisé à Moulins, le 5 septembre, dans l’église Notre-Dame élevée à la dignité d’église-cathédrale, il lui restait à organiser son diocèse : ce fut l’œuvre de son ministère, jusqu’à sa mort survenue le 23 septembre 1849.
Dès le début, il se trouva devant une situation difficile. Les prêtres étaient peu nombreux et âgés ; les églises et presbytères, en mauvais état et pour une part encore, entre les mains des particuliers. Lui-même âgé, assuma pourtant une lourde tâche durant un quart de siècle. L’une de ses priorités fut la construction d’un séminaire, ce qui se fit non sans difficultés.

Son successeur, Monseigneur de DREUX-BRÉZÉ, au long de plus de quarante années d’épiscopat (1850-1893), mit en place les principales structures : construction d’églises, implantation de congrégations religieuses, développement des écoles catholiques, recrutement sacerdotal, encouragement donné aux œuvres de piété (culte du Sacré-Cœur…).
Il appuya les prêtres qui avaient le souci de la population ouvrière, particulièrement à Montluçon et Commentry.
C’est l’époque où Montluçon et Vichy se développaient, l’une comme ville industrielle, l’autre comme cité thermale. Cela conduisit à un diocèse tricéphale, dont la capitale administrative possédait une agglomération moins peuplée que les deux autres. Cette multipolarité, qui se retrouvait dans la vie ecclésiale, structura le diocèse en trois vicariats aux orientations humaines et pastorales quelque peu différentes.

Un diocèse en plein essor

Dans le contexte des lois sur l’école, les congrégations religieuses et la séparation des Églises et de l’État, la fin du XIXe siècle et le début de XXe siècle furent marqués par des tensions très dures entre les tenants d’une laïcité anticléricale et le clergé d’orientation nettement conservatrice. Ce fut pourtant l’époque du fleurissement des «œuvres» et mouvements de laïcs (les patronages, tel celui de l’Étoile moulinoise de Monseigneur de LA CELLE, les confréries de Saint-Roch fondées par le Chanoine MORET pour les agriculteurs, le scoutisme un peu plus tard). Certaines de ces initiatives débouchèrent même sur la fondation de congrégations religieuses diocésaines (les Infirmières de Saint-François d’Assise, par exemple).
Les chrétiens se rassemblaient lors des congrès eucharistiques cantonaux ainsi qu’au pèlerinage diocésain de Lourdes. Régulièrement, des missions paroissiales tentaient de stimuler la foi et le dynamisme des fidèles. Le Centenaire du diocèse fut marqué, le 16 octobre 1923, par la consécration de la cathédrale, agrandie sous l’épiscopat de Mgr de DREUX-BRÉZÉ.

Alors que l’épiscopat de Mgr PENON s’était terminé douloureusement, par le désaveu infligé par Rome à l’Action française à laquelle l’Évêque et une partie du clergé accordaient un fidèle soutien, celui de Mgr GONON (1926-1942) donna une nouvelle impulsion.

L’Action catholique se développa, s’appuyant sur les mouvements existants (la Fédération nationale catholique avec ses Unions paroissiales pour les hommes, les Lys de Notre-Dame pour les jeunes filles…) ou créant des structures nouvelles, telle la Jeunesse ouvrière chrétienne, implantée à Montluçon dès cette époque.
Après la guerre, qui a vu le diocèse coupé en deux par la ligne de démarcation et la résidence en son sein de «l’État français», le milieu du siècle ouvrit une période de mutation, favorisée par une orientation centriste et réconciliatrice des élites catholiques. Tandis que la Jeunesse agricole chrétienne se révélait très dynamique, les prêtres prenaient conscience de l’existence des populations urbaines loin de l’Église. De nouvelles paroisses furent fondées et des églises furent bâties dans les nouveaux quartiers des trois villes. L’enquête de sociologie religieuse (appelée «enquête BOULARD», du nom de son initiateur) invitait le clergé, dont la crise, quoique sensible, n’était pas encore préoccupante, à coordonner ses efforts dans une «pastorale d’ensemble».

De Vatican II au synode de l’an 2000

Le premier impact du concile Vatican II fut perçu dans le domaine liturgique et n’alla pas sans susciter des blessures chez certains chrétiens. Il fallait plus de temps pour que, hors des cercles des mouvements – dont l’effectif était en déclin – les catholiques découvrent qu’ils avaient à prendre leur part comme acteurs de la vie de l’Église.
Le regroupement des anciennes paroisses rurales en paroisses moins nombreuses et plus dynamiques, et l’encouragement à la création des conseils pour la pastorale et pour les affaires économiques furent, dans la dernière décennie du XXe siècle, les lieux principaux de cette prise de conscience.
Le Synode célébré en l’an 2000 se veut une invitation, dans l’esprit conciliaire, à engager l’ensemble du peuple de Dieu dans une démarche spirituelle et missionnaire pour l’avenir de l’Église en Bourbonnais.

Daniel MOULINET, Archiviste du Diocèse
et Jean-Jacques PAQUETTE

Du synode de l’an 2000 à 2010

Ayant aujourd’hui à faire face au défi de vivre la foi chrétienne dans un contexte démographique, social et économique nouveau, il a fallu évoluer dans la manière de concevoir la vie paroissiale et le rapport aux prêtres. Jusqu’ici, la paroisse correspondait en gros au découpage administratif des communes, avec un curé sous chaque clocher. Mais, de même que les villages se regroupent maintenant en communautés de communes, l’évêque a jugé nécessaire de remodeler les paroisses et de les limiter au nombre de 18. Chacune compte environ 20 communes et totalise une moyenne de 20.000 habitants. De même, ont été érigés cinq doyennés, au lieu de onze précédemment : trois autour de chacune des agglomérations de Moulins, Montluçon et Vichy ; deux pour les paroisses du milieu rural, l’une à l’Ouest, l’autre à l’Est. Cette mesure a entraîné une réforme comptable qui a coïncidé avec l’exigence du contrôle par un Commissaire aux Comptes, en vue de la certification des comptes, qui obligeait justement à une réorganisation pour une simplification et une plus grande transparence.

L’ensemble de cette réforme n’a pas été envisagé comme un repli, mais bien au contraire comme un redéploiement des forces, afin de susciter de nouveaux dynamismes, mieux adaptés à une réalité qui a profondément évolué. C’est une aventure difficile mais passionnante.
Beaucoup perçoivent déjà que c’est une véritable chance de se rassembler dans un ensemble plus large que le clocher d’antan. Ils sont conscients que, si dans un premier temps la réforme bouscule les habitudes, en fin de compte elle crée un dynamisme pour proclamer à tous la Bonne Nouvelle et elle génère l’espérance.

Mgr ROLAND, évêque de Moulins de 2003 à 2012

Liste de tous les évêques de Moulins