La cathédrale de Moulins

C.P. Jean Foisselon

« Visiteurs, touristes, passionnés d’histoire, d’art et de patrimoine, découvrez la cathédrale Notre-Dame de Moulins.
Si les murs pouvaient parler, ils nous raconteraient l’histoire de tous ceux qui, ici, reçoivent le sacrement du baptême, participent à la messe du dimanche, célèbrent leur  confirmation, leur mariage, disent adieu à un être aimé. Depuis plus de huit siècles, se perpétue la prière des chrétiens autour de la Vierge Noire, et comment, depuis bientôt cent ans, grandit la grande famille des catholiques du diocèse de Moulins quand elle se rassemble, à l’initiative de son évêque, pour être fortifiée dans la foi et célébrer les moments importants de sa vie ».

Monseigneur Laurent PERCEROU, évêque de Moulins

Historique

Au Xe siècle, une humble chapelle dédiée à saint-Pierre est offerte à l’abbaye de Cluny et dépendra du prieuré clunisien de Souvigny au XIIe siècle.
A partir de 1327, après l’érection du Bourbonnais en duché au profit des sires de Bourbon, les premiers ducs de Bourbon fixent leur résidence à Moulins.
Louis II, par une bulle (document par lequel le pape pose un acte juridique important) datée du 19 octobre 1378 obtient du pape Clément VII l’établissement d’un chapitre collégial dans la chapelle Notre-Dame. Le 7 décembre 1386, l’évêque de Nevers procède à l’érection de la chapelle en collégiale dédiée à Notre-Dame-de-l’Annonciation.
En 1476, à la mort de la duchesse Agnès, son fils, le duc Jean II, reprend la construction qui est poursuivie par son fils, le duc Pierre II et son épouse Anne de France, fille du roi Louis XI. Ils offrent à la collégiale un somptueux triptyque dédié à la Vierge en gloire.
Le 27 avril 1788, le roi Louis VI décide d’établir un évêché à Moulins au bénéfice d’Etienne des GALLOIS de La TOUR (1750-1820), alors doyen de la collégiale. Sa nomination est confirmée par le pape Pie VI mais la révolution empêche sa consécration épiscopale.
En 1822, le diocèse de Moulins est officiellement érigé par bulle papale, avec la nomination du premier évêque de la cité, Antoine de PONS de LAGRANGE (1759-1849), alors grand vicaire et chanoine du diocèse de Clermont.
Avec la nomination de Pierre-Simon de DREUX-BRAIZÉ (1811-1893), l’agrandissement de la collégiale est envisagée et devient cathédrale.
Le 8 décembre 1946, la cathédrale reçoit la visite de Mgr RONCALLI futur pape Jean XXIII à l’occasion de l’année mariale consacrée à l’Immaculée Conception ; Il rend grâce à la Vierge Noire d’avoir protégé l’ancienne cité ducale des désastres des deux conflits mondiaux.
Le 28 octobre 1949, la cathédrale Notre-Dame-de-l’Annonciation de Moulins est érigée en basilique mineure par un bref (décision administrative émanant du Saint-Siège caractérisée par la brièveté de son écriture) du pape Pie XII en témoignage de la dévotion insigne entourant la Vierge Noire depuis des siècles.

C.P. Diocèse de Moulins – Marie-Caroline Godron

La Vierge Noire, Sainte patronne de Moulins

Depuis le XIIe siècle, la Vierge Noire fait l’objet de la vénération des Moulinois en remerciement de la protection insigne dont elle entoure la ville de Moulins depuis des siècles.
Le 21 novembre 1655, Moulins fut en proie à un violent incendie qui embrasa le cœur même de la ville. Les flammes étaient si intenses que le Jacquemart lui-même était menacé. Les magistrats de la cité ducale demandèrent alors aux chanoines d’amener la statue de Notre-Dame face au brasier afin d’implorer sa protection. À peine la statue fut-elle descendue, que quelqu’un jeta promptement le manteau qui la couvrait au milieu des flammes. Aussitôt, nous disent les chroniqueurs de l’époque, « le vent cessa, les flammes s’abattirent et l’on vit tomber du haut de la tour en gros pelotons de feu, les matières embrasées qui s’éteignirent sur-le-champ ».
Le 8 décembre 1946, Mgr RONCALLI, alors nonce apostolique en France mais qui allait, douze ans plus tard, devenir pape sous le nom de Jean XXIII, vint apposer une plaque votive auprès de la Vierge Noire pour la remercier d’avoir protégé, grâce aux intenses prières que les moulinois avait élevées à Notre-Dame pour demander son intercession, la ville de Moulins lors des deux derniers conflits mondiaux.

Le grand orgue Merklin, un grand instrument romantique

Commandé en 1878, financé en partie par Mgr de DREUX-BRÉZÉ, l’orgue fut inauguré le 10 août 1880 par le célèbre Alexandre GUILMANT, organiste de la Trinité à Paris, compositeur et concertiste international.
Construit par le facteur MERKLIN dans un buffet dessiné par l’architecte Eugène MILLET. Il est aujourd’hui considéré comme le plus authentique des grands instruments issus des ateliers de Joseph MERKLIN. Il sert régulièrement de référence lors de restaurations d’instruments du même facteur.
Le grand orgue MERKLIN de Moulins eut l’honneur d’être joué par de grands organistes tels que Joseph BONNET ou Marie-Claire ALAIN.

Le Triptyque du Maître de Moulins

Cette œuvre majeure fut commandée par le duc Pierre II et son épouse, Anne de France, fille de Louis XI, pour orner vraisemblablement la collégiale. Elle se présente sous la forme d’un tableau fermé par deux volets peints en grisaille montrant, dans un décor d’architecture gothique, l’Annonciation de l’ange Gabriel à la Vierge Marie.
Le triptyque du Maître de Moulins s’affirme comme une œuvre novatrice et originale dans l’histoire de l’art, à l’apogée de l’art flamand et à l’aube de la Renaissance italienne qui perce alors en France. Les volets intérieurs, qui figurent les portraits en pied de donateurs aux visages figés et hiératiques et aux habits de cour traités avec une perfection minutieuse, illustrent tout le génie des maîtres flamands. Tandis que c’est toute la grâce de la Renaissance qui s’épanouit dans une palette de couleurs brillantes sur le panneau central au travers d’un lumineux cortège d’anges adorateurs entourant une Vierge au visage diaphane.
Le triptyque du Maître de Moulins est sans doute le seul chef-d’oeuvre qui subsiste des vastes collections de peintures que les ducs de Bourbon avaient constituées dans leur palais ducal de Moulins ou bien dont ils avaient doté la collégiale qu’ils avaient fondée à proximité. Le triptyque du Maître de Moulins est classé Monument Historique le 14.06.1898.