Session Foi & Handicap

Les personnes en situation de handicap, de véritables prophètes dans notre Eglise !
Les lundi 2 et mardi 3 décembre ont eu lieu les journées Foi et Handicap à la Maison Saint-Paul.
Retour en photos sur ces deux journées d’échanges, de partage, de témoignages et de conférences.
Lire le témoignage de Nathalie Bidet sous les photos.
Crédits photos : Nathalie Bidet, Carine de Framond et Joséphine Nicod-Hoffmann

Une session « Foi et Handicap » a eu lieu, les 2 et 3 décembre 2024, pour notre Province ecclésiastique au Centre Diocésain de Pastorale à Clermont-Ferrand, pour les diocèses de Clermont et du Puy, et en visioconférence pour le diocèse de Saint-Flour et le nôtre, celui de Moulins.

Le thème de cette session était : « Les personnes en situation de handicap : prophètes pour notre Église ? Si on en parlait ! ».

Mardi soir, dans son introduction Mgr Kalist, archevêque de Clermont, n’a pas hésité un instant pour affirmer qu’évidemment, les personnes en situation de handicap sont prophètes. Il a attiré notre attention sur le fait que dès le début de sa vie publique, Jésus a rencontré tant et tant de personnes handicapées. Il a rappelé que la pastorale des personnes en situation de handicap était essentielle car leur créativité déborde et qu’à partir d’elles, la créativité dans notre Église se déploie. Elles nous mettent sur le chemin du Christ serviteur.

Avec le père Christophe Sperissen, nous avons regardé comment au sein de la société française, on envisage l’accompagnement des personnes en situation de handicap et, d’autre part, comment aujourd’hui le Magistère de l’Église parle des personnes en situation de handicap, particulièrement dans le Directoire pour la Catéchèse de 2020. Aux numéros 269 et 270, l’Église reconnaît chez les personnes handicapées l’appel à la foi et à une vie bonne et pleine de sens. La question du handicap est d’une grande importance pour l’évangélisation et la formation chrétienne. Les communautés sont appelées non seulement à prendre soin des plus fragiles, mais à reconnaître la présence de Jésus qui se manifeste en eux de manière particulière […] Les personnes porteuses de handicap sont pour la communauté ecclésiale l’opportunité de croître, leur présence la poussant à vaincre les préjugés culturels.

Le lendemain matin, dans son intervention, le père Henri-Jérôme Gagey a attiré notre attention sur l’accès aux espaces cultuels. Il nous a invité à rendre accessible les lieux liturgiques pour les personnes porteuses de handicaps. Il a souligné qu’agir pour les personnes en situation de handicap ne suffisait pas, par contre qu’agir avec elles était le bon chemin.

Il a cité Blaise Pascal, pour qui la foi est une affaire de cœur. Dieu lui-même donne la foi, il vient à notre rencontre. La vraie valeur d’un homme est au-delà des apparences. La clef qui permet un chemin, c’est l’amitié. L’amitié vécue fait pressentir le lien de tous les hommes avec Dieu, à nous de créer les conditions pour vivre la fraternité, vivre les uns avec les autres en puisant des forces dans notre vulnérabilité. Laissons-nous former par le Christ, soyons une Église qui fait du bien. Les personnes porteuses de handicaps nous accompagneront, ensemble, nous nous convertirons.

Le père Gagey a attiré notre attention sur le fait que dans l’Ancien Testament, les capacités des prophètes dépendent de la présence de Dieu à leur côté. En effet, Dieu agit à travers eux et la plupart d’entre eux ont des handicaps. Moïse ne peut pas s’exprimer en public ; Jacob est boiteux ; Jérémie bégaye, Jonas fuit… Dieu n’hésite pas à appeler des femmes et des hommes, quelquefois peureux, timides…

Notre matinée s’est terminée avec la théologienne du handicap, Talitah Guitin, qui nous a partagé sa recherche, sa théologie créative. Elle nous a bousculé, incité à changer notre regard, en nous interrogeant sur nos représentations du péché originel, nos interprétations de l’Écriture par rapport à la vulnérabilité, la nudité de l’être humain à partir d’Adam et Ève, et de l’aveugle Bartimée. Talitah a illustré ses propos avec des œuvres de Rembrandt qui présentaient la vulnérabilité de Jacob, Moïse, Pierre, Paul, et de Marie, jeune fille de Nazareth. Elle nous a invité à ouvrir des chemins d’amitié au-delà des barrières de la déficience.

J’ai retenu sa présentation du concept de vox média qui nous oblige en pastorale à tenir deux réalités à la fois :

  • une ouverture du catéchiste qui facilite et aide les personnes en situation de handicap à prendre leur place dans l’Église et une posture qui ne soit pas trop omniprésente, paternaliste à leur égard. Penser à faire avec eux et pas faire pour eux (à leur place).
  • une posture du catéchiste qui facilite l’accès aux sacrements et aussi la possibilité de permettre aux personnes porteuses de handicap d’être catéchiste, témoins du Christ.

 

Sommes-nous capables de les accueillir comme il se doit dans nos communautés paroissiales ? Sommes-nous des facilitateurs ? Sommes-nous convaincus qu’elles puissent elles-mêmes transmettre la foi de manière plus efficace que bon nombre de chrétiens ? Comment et quand nous formons-nous pour être avec les personnes porteuses de handicaps ?

Les trois interventions ont été entrecoupées de séquences témoignages sous forme de vidéos ou de diaporama qui présentaient différents temps forts vécus au sein de notre province. Le diaporama de notre diocèse montrait les rencontres festives de la Pastorale des Personnes Handicapées ; la fête de fin d’année et son après -midi festif où chacun, chacune a tiré les rois, après la messe paroissiale animée par l’équipe de la PPH ; la participation au pèlerinage de la Paix à Souvigny ; la journée de fin d’année pastorale dans le parc de la Maison diocésaine Saint-Paul.

Après un déjeuner tiré du sac où nos échanges ont pu continuer, l’après-midi nous a permis de nous retrouver en diocèse. Nous étions environ une cinquantaine de personnes à l’auditorium de la maison diocésaine. Nous avons pu regarder la vidéo des souvenirs heureux du séjour de vacances de Lueur et Foi, cet été au Puy. Ensuite sous la forme d’un grand partage animé par Jérémi, de RCF, nous avons écouté les témoignages de vie et de foi, de personnes en situation de handicap et aussi de leurs proches. Leurs joies, leurs difficultés pour vivre en Église et leurs attentes par rapport à la communauté ecclésiale. Un grand merci aux participant, aux personnes de Foi et Lumière, Lumière et Foi, aux membres de l’équipe de la PPH, aux personnes de Relais Lumière Espérance et des Rencontres Chrétiennes.

La session ayant lieu un mardi soir et un mercredi en journée, nous regrettons l’absence des éducateurs, des professionnels qui n’ont pas pu se libérer, ainsi que celle des personnes en situation de handicap qui travaillent en ESAT.

Ce fut tout de même une très belle rencontre. Merci aussi aux intervenants et aux organisateurs.

Nathalie Bidet, déléguée diocésaine pour la catéchèse et le catéchuménat.