Retour sur Festi’rural

1500 participants sur 3 jours pour fêter le monde rural.

Témoignage de Dominique Desnoyer :

« Finalement, nous avons été 12 Bourbonnais à nous déplacer au Lioran pour ce premier festival organisé par le CMR (Chrétiens en Monde rural*). Nous avons tous été témoins de cette motivation sereine et déterminée qui animait la plupart des participants. L’ambiance fleurait bon l’amitié, la simplicité, la sincérité et l’engagement.

Car si les festivaliers venaient de toutes régions de France métropolitaine et d’outre-mer, voire du Bengladesh (au titre de la FIMARC**) ou du mouvement Via Campésina (à travers le CCFD-Terre solidaire), ils semblaient mus par la même aspiration pour la rencontre, l’échange d’expérience, la fête et la célébration.

Notre avenir, c’est la relation !

Durant trois jours, du 22 au 24 août 2025, en plein air sur la prairie du Lioran, conférences, tables rondes, ateliers, concerts, célébrations, randonnées thématiques se sont enchainés offrant un immense choix et un nombre impressionnant d’opportunités pour s’informer, découvrir, débattre. Plusieurs messages forts sont ressortis.

  • On ne peut opposer ni comparer Rural et Urbain, ils ne sont pas dépendants l’un de l’autre, mais interdépendants, et surtout le rural n’est pas ce qui n’est pas urbain. Le rural, c’est la campagne, nos territoires.
  • Ces territoires qui sont les clés de notre avenir car ils constituent les lieux d’élaboration et de réalisation de projets collectifs, communs, humains et respectueux de la Création
  • En effet, c’est cette relation entre humains et avec le vivant quel qu’il soit qui fait notre spécificité rurale et chrétienne, et qui permet d’élaborer ensemble un futur positif. Cette relation est fondamentale, d’autant plus que la société de consommation hyperconnectée qui semble dominer le monde nous précipite à l’inverse vers l’éphémère et l’individualisme et leur cohorte de malédictions (autoritarismes, conflits, destruction de l’environnement, de notre santé,…)
  • Plus que jamais, il faut donc prendre son avenir en main avec d’autres, dans le dialogue constructif avec tous (même avec nos plus farouches opposants), participer et ne pas hésiter à « faire des rêves aux couleurs arc-en-ciel, plutôt que de cauchemarder en noir et blanc. »

Voyons ce que l’Evêque de St Flour, Mgr Didier Noblot a déclaré à l’issue du festival :

« Vivre cet événement au cœur d’un territoire rural, c’était un symbole et un signe qui était donné très fortement à toutes les régions de France et aussi aux acteurs locaux du Cantal qui connaissent plus ou moins les mouvements d’action catholique… Ils ont été témoins de l’engagement de ces chrétiens et, au-delà, de tous les sympathisants engagés en rural. Ils ont pu voir aussi qu’il n’y a pas un monde rural mais de grandes diversités entre les différents territoires d’où venaient les festivaliers…

Certains connaissent peut-être bien l’Action catholique avec des mouvements historiques comme la JAC, la JOC et puis plus récemment le MRJC, le CMR … qui participent de l’annonce missionnaire de la joie de l’Évangile.

Et, j’aime à redire que quand dans un diocèse, quand dans un territoire, il n’y a plus d’action catholique ou moins d’équipes, cela appauvrit le territoire, appauvrit la société et appauvrit l’Eglise.

Et c’était pour moi important que ces mouvements-là soient signes de leur dynamisme et qu’ils puissent inspirer à d’autres la joie de vivre la relecture dans la démarche de réflexion chrétienne, d’ouvrir la parole de Dieu ensemble et d’ouvrir les yeux sur le monde qui attend le témoignage de l’espérance des chrétiens et des chrétiennes engagés en rural…

Il m’a semblé important et j’en ai été témoin, (de constater) que les chrétiens engagés ici sont des acteurs de communion, des acteurs de dialogue, des acteurs de meilleure compréhension de la complexité des défis qui s’y jouent…

Les différents intervenants de très grande qualité nous ont redit notamment que l’amitié était le substrat et la condition d’une écologie et d’une terre habitable pour tous. Une amitié marquée par la gratuité, par la bienveillance, par l’engagement, par la rencontre de l’autre…

Le monde rural est un laboratoire d’initiatives, un laboratoire de rencontre et il a quelque chose à dire à l’ensemble de notre société française et à l’ensemble du monde… »

 

* le CMR est un mouvement fondé en 1947, il représente avec le MRJC (mouvement rural de la jeunesse chrétienne, ex JAC) et l’ACE – MR (Action Catholique des enfants), l’Action Catholique en milieu rural. A son apogée dans les années 50 et 60, elle a d’une part, formé de très nombreux responsables professionnels, politiques ou paroissiaux, et, d’autre part, promu les bases de nos sociétés modernes. Le CMR propose à ses membres réunis en équipe de relire leur vie et leurs actes à la lumière de l’Évangile dans une DRC (démarche de réflexion chrétienne), basée sur le fameux « VOIR, JUGER, AGIR ». Pour le CMR, chaque chrétien est invité à mettre ses actes en accord avec sa Foi, quelques soient les situations et les personnes qu’il rencontre (en famille, au travail, dans les loisirs, etc). Il prône l’engagement sous toutes ses formes et en tous lieux, reprenant ainsi les principes de la doctrine sociale de l’Eglise. Egalement reconnu, mouvement d’éducation populaire par l’Etat français, il met en avant cette capacité collective, née d’une relation, d’un échange sincère et véritable.

**la FIRMARC (Fédération Internationale des Mouvements Ruraux Adultes Catholiques) regroupe une soixantaine d’organisation issues de 33 pays. Elle a été fondée en 1964 à Fátima (Portugal) et reconnue par le Saint-Siège comme une association catholique internationale de droit pontifical. Elle participe en tant que conseillère à l’UNESCO, l’ECOSOC (Conseil économique et social de l’ONU) et au Conseil de l’Europe, elle a un statut d’observateur à la FAO, elle est collaboratrice du HCR  (Haut commissariat aux Réfugiés) et du Comité mondial de sécurité alimentaire (CFS). »

 

La Conférence des évêques de France a également publié un article à lire : ICI

©Nathalie Bidet